A l’occasion des 10 ans des révoltes arabes et de la journée internationale du droit des femmes le 8 mars dernier, l’association Humacoop-Amel France et sa stagiaire Justine Armand ont organisé un événement sur la place des femmes dans les révoltes arabes. Ce projet a été soutenu par la Maison de l’Egalité hommes-femmes de la Métropole Grenoble Alpes dans le cadre de son appel à projets jeunes.
Episode 2 : au feu…en Egypte
La chute des présidents dictateurs ne marque pourtant pas la fin des mobilisations populaires, ni ne garantit la démocratisation espérée par celles-ci. En Egypte, après le départ de Hosni Moubarak le 11 février 2011, le pouvoir est transféré à l’armée qui opère un contrôle étroit sur le processus de transition vers le nouveau régime. Alors que la place Tahrir commence à se vider entre le 12 et le 14 février, les manifestations reprennent dès la fin du mois, sous les appels de multiples groupes révolutionnaires. De très nombreuses femmes répondent à cet appel, toujours aussi présentes dans les foules, alors que leurs espoirs de libération politique et citoyenne se voient balayés par la formation du nouveau régime. La Commission nationale chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution égyptienne est exclusivement constituée d’hommes. Les revendications féminines et féministes, glorifiées pendant la révolution, disparaissent du débat citoyen sur la transition démocratique post-révolution. Le 8 mars 2011, elles marchent pour la journée internationale de la femme. Leur manifestation est alors brutalement dispersée par des groupes salafistes et militaires. En 2012, Mohammed Morsi est le premier président élu démocratiquement. Représentant du Parti de la Liberté et de la Justice, formation issue des Frères Musulmans, il est renversé un an plus tard, par un coup d’État, à la suite d’un important mouvement protestataire. Il est remplacé par le militaire, Abdel Fattah Al-Sissi, en 2013. Depuis sa prise de pouvoir en tant que président de la République Arabe d’Egypte, de nombreuses disparitions forcées sont observées et dénoncées par des organisations internationales de protection des droits de l’homme. Ces disparitions visent particulièrement des opposants politiques portant l’héritage de la révolution de 2011. Rabha Attaf est une grande reporter, écrivain, spécialiste du Maghreb et Moyen-Orient. Elle arrive au Caire le 27 Février 2011, là où la “Commune de Tahrir” rassemble des centaines d’activistes qui occupent la place publique. Elle s’immerge au sein de ce mouvement, l’observe, le documente, et se fait compagne de route de l’Union des Familles de Disparus. Dans cet épisode, elle témoigne du combat des femmes pour retrouver leurs proches dans les années qui suivent la révolution, mais aussi des nouveaux enjeux sociaux que doit désormais affronter la société égyptienne.