A l’occasion des 10 ans des révoltes arabes et de la journée internationale du droit des femmes le 8 mars dernier, l’association Humacoop-Amel France et sa stagiaire Justine Armand ont organisé un événement sur la place des femmes dans les révoltes arabes. Ce projet a été soutenu par la Maison de l’Egalité hommes-femmes de la Métropole Grenoble Alpes dans le cadre de son appel à projets jeunes.
Episode 1 : ça chauffe…en Egypte
Le Caire, 2005. Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, est réélu pour son cinquième mandat présidentiel consécutif. Les élections législatives qui se tiendront 2 mois après, donneront la majorité au Parti National Démocratique, soutien au président. Alors que le mouvement contestataire Kifaya « Ça suffit » naissait l’année précédente, Moubarak sortira une nouvelle fois vainqueur, mais pas indemne, de ces élections pour la première fois multipartite. Les États-Unis occupent l’Irak depuis 2002, alors que le plan “Grand Moyen Orient” de G.W Bush renforce la présence américaine dans la région. La société civile égyptienne s’interroge alors sur l’attitude à adopter face aux pressions américaines grandissantes. De cette conjoncture née le mouvement Kifaya en Juillet 2004, d’un contexte régional et international propice au développement d’un débat public. “Ca suffit” en arabe, Kifaya est un mouvement de diverses tendances dont les revendications se concentrent sur la levée de l’état d’urgence (en place depuis 1982), la libéralisation de la vie politique et la réforme des modalités de l’investiture présidentielle. Le mouvement Kifaya se démarque par sa sur-médiatisation et son utilisation des réseaux. Internet a en effet été un outil important des mouvements de contestation en Egypte, qui mèneront à la révolution de 2011. Aujourd’hui nous rencontrons Shahinaz Abdel Salam, ingénieure informatique, et militante de première heure. Son blog “Une égyptienne”, sur lequel elle partage son ressentiment envers le système politique en place, sera lu par des milliers. Ainsi, elle nous raconte son militantisme, “un pied sur la toile, un pied sur le terrain” (Hossam el-Hamalawy) au sein des premiers mouvements contestataires, avant l’année charnière de 2011. Les événements sont racontés par Shahinez Abdel Salam, ingénieur informatique, pionnière du mouvement Kifaya sur internet.